Les solutions numériques peuvent rendre les soins de santé plus simples et plus équitables
Andrzej Rys, directeur responsable des systèmes de santé, des produits médicaux et de l’innovation au sein de la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne, évoque les avantages et les possibilités que présente la numérisation, ainsi que les défis qui y sont liés.
Pourquoi est-il important d'investir dans la santé numérique?
Pourquoi? Parce que les solutions numériques dans le domaine de la santé et des soins pourraient véritablement révolutionner les services de santé et permettre à des millions de personnes de jouir d’une meilleure santé. La numérisation contribue à garantir la continuité des soins aux personnes voyageant à l’étranger mais, ce qui est tout aussi important, elle offre à tous les patients des chances égales de recevoir des soins de qualité, quel que soit l’endroit où ils vivent.
C'est le grand avantage des réseaux européens de référence: ils permettent aux patients atteints de maladies rares d’obtenir l’avis de spécialistes de toute l’Europe sans devoir se déplacer, des consultations virtuelles leur étant proposées par l’intermédiaire d’une plateforme au niveau de l’UE. Ce sont donc les connaissances qui se déplacent, et non le patient.
Grâce à la numérisation, les systèmes de santé, jusqu'ici axés sur l'hôpital, sont davantage intégrés et basés sur des services de proximité. Les outils de soins numériques peuvent réduire la nécessité de consultations en face-à-face, par exemple, en permettant aux patients de passer des examens de routine chez eux. Ils peuvent également contribuer à une meilleure utilisation des données de santé pour la recherche, la promotion de l’innovation et la mise au point de nouvelles thérapies.
Que fait la Commission dans le domaine de la santé numérique?
En 2018, la Commission a adopté un plan en trois volets pour la transformation numérique des services de santé et de soins dans le marché unique numérique. Le premier pilier de cette communication favorise l’amélioration de l’accès aux données de santé des citoyens, ainsi que le partage de ces données. Cinq États membres — et bientôt sept — ont commencé à partager des données sur la santé des patients au-delà de leurs frontières avec les pharmacies (ordonnances électroniques) et les hôpitaux pour les urgences (dossiers des patients). 15 pays supplémentaires devraient les rejoindre d’ici à 2021. L’année dernière, la Commission a adopté une recommandation sur un format européen d’échange de données de santé, qui vise à élargir l’ensemble des données figurant dans les dossiers des patients afin d’y inclure les résultats d'analyses de laboratoire, les images médicales et les rapports de sortie de l'hôpital, notamment.
Le deuxième pilier améliore le partage de données à des fins de recherche. La déclaration «Un million de génomes» en est un bon exemple: 21 États membres se sont engagés à constituer une cohorte de recherche d’au moins un million de génomes séquencés.
Le troisième pilier vise à encourager davantage de personnes à utiliser les technologies numériques dans le domaine de la santé et à accroître leurs connaissances et compétences numériques. Il a également pour but d'établir des principes communs pour la validation et la certification des technologies de la santé et de favoriser l’échange de bonnes pratiques.
Quel avenir pour la santé numérique?
La Commission travaille avec les États membres à la création d'un espace européen commun de données en matière de santé, en vue de les partager et d'en faciliter l'accès pour les services de soins et la recherche, dans le plein respect du RGPD et de règles strictes en matière de sécurité. Les données seront partagées, vérifiées et exploitées en toute sécurité par les autorités nationales et différentes parties prenantes, pour le bénéfice de tous. L'accès aux données en matière de santé présente un énorme potentiel de recherche, par exemple. Ce potentiel est actuellement compromis en raison des lacunes réglementaires, du manque d’interopérabilité des infrastructures ou de l'absence de codes de conduite mutuels pour l’échange sécurisé de données à caractère personnel. Il s’agit là d’un défi majeur, qui consiste à trouver le bon modèle de gouvernance, à investir dans les infrastructures adéquates, à établir des lignes directrices appropriées en matière d’éthique et à protéger efficacement les données à caractère personnel.
Notre objectif est que tout le monde puisse bénéficier des avantages de la numérisation, mais pas au prix de la vie privée. C’est la raison pour laquelle le règlement général sur la protection des données est désormais transposé dans la législation de tous les États membres. Nous examinons actuellement comment il est appliqué dans les États membres, en particulier dans le domaine très sensible de la santé.
Activités au niveau de l’UE
La santé en ligne: santé numérique et soins Commission européenne – Santé et sécurité alimentaire |
Transformation de la santé et des soins dans le marché unique numérique Commission européenne – Réseaux de communication, contenu et technologies |
Actualité
Les dossiers médicaux numériques fournissent un aperçu des allergies, des médicaments prescrits et des antécédents médicaux du patient, tels que les interventions chirurgicales antérieures. Ils peuvent désormais être échangés entre le Luxembourg ou la Croatie (voyageurs entrants) et la Tchéquie (voyageurs sortants) en cas de soins non programmés (urgences). |
Ces réseaux virtuels mettent en contact les professionnels de la santé qui s'occupent de patients atteints de maladies rares ou complexes dans 25 pays d’Europe. |
Cette recommandation étend l’utilisation des analyses de laboratoire, des rapports de sortie de l'hôpital et des examens d'imagerie médicale des patients, et facilite l’interopérabilité transfrontière des dossiers médicaux électroniques. |
21 États membres ont signé la déclaration «Un million de génomes» En signant cette déclaration, ces États membres s'engagent à constituer dans l'UE, d’ici à 2022, une cohorte de recherche d’au moins un million de génomes séquencés (et 10 millions d’ici à 2025). |
HARMONY franchit une étape en recueillant les données de 45 000 patients atteints de cancers du sang Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme «Les mégadonnées pour de meilleurs résultats» relevant de l’initiative en matière de médicaments innovants. L'objectif est de tirer parti des données réelles des patients atteints de cancers du sang pour mieux connaître les mécanismes de ces maladies et favoriser la mise au point de traitements améliorés et plus efficaces. |
Un appel à propositions a été lancé pour soutenir la mise au point d’outils et d’analyses axés sur la prévention et le traitement du cancer, y compris des outils d’intelligence artificielle pour l'analyse des images médicales. |
Financé par l’initiative en matière de médicaments innovants, un partenariat public-privé, ROADMAP vise à intégrer les données réelles sur la maladie d’Alzheimer provenant de différentes sources et de différents pays. Le cube de données en 3D a été conçu de manière à cartographier toutes les données de recherche actuellement disponibles. |
Potentiel des technologies de chaînes de blocs en Europe La chaîne de blocs est une technologie qui permet d'enregistrer de manière ferme et définitive les transactions de données dans un cadre décentralisé, garantissant ainsi la sécurité et la traçabilité des échanges de données sensibles sur la santé. |
Projets du programme Santé
Action commune visant à soutenir le réseau «Santé en ligne» Cette action commune soutient le réseau «Santé en ligne» qui établit, dans son programme de travail pluriannuel 2018-2021, des objectifs pour l'étude de la santé en ligne en vue de faciliter la gestion des maladies chroniques et de la multimorbidité. |